• Les Finals de Kobe Bryant (2008-2010)

    Dix ans après son dernier titre, retour sur les sept Finals disputées par Kobe Bryant, entre 1996 et 2016. Deuxième partie : celles disputées sans Shaquille O’Neal, à la fin des années 2000.

    En vingt saisons en NBA, toutes disputées avec les Lakers, Kobe Bryant a eu la chance de participer sept fois aux Finals et de remporter cinq bagues. D’abord aux côtés de Shaquille O’Neal, entre 2000 et 2004, puis en tant que leader de la franchise, épaulé par Pau Gasol, entre 2008 et 2010.

    Nommé deux fois MVP des Finals, en 2009 et 2010, le « Black Mamba » n’a cessé de prendre de l’importance au fil des années et de ses trophées. 

    Seules ombres au tableau, les défaites face aux Pistons et aux Celtics, en 2004 puis 2008. Des revers qui l’empêchent de posséder autant – si ce n’est plus – de titres que son idole, Michael Jordan, sextuple champion.

    Finals 2008 : à 29 ans, contre les Celtics (2-4)

    Game 1 (D) : 24 pts, 3 reb, 6 pds (9-26 aux tirs, 6-6 aux lancers), en 42 min.
    Game 2 (D) : 30 pts, 4 reb, 8 pds, 3 int (11-23 aux tirs, 7-7 aux lancers), en 40 min.
    Game 3 (V) : 36 pts, 7 reb, 2 int (12-20 aux tirs, 11-18 aux lancers), en 45 min.
    Game 4 (D) : 17 pts, 4 reb, 10 pds, 4 int (6-19 aux tirs, 5-6 aux lancers), en 43 min.
    Game 5 (V) : 25 pts, 7 reb, 4 pds, 5 int (8-21 aux tirs, 4-9 à 3-pts, 5-7 aux lancers), en 44 min.
    Game 6 (D) : 22 pts, 3 reb (7-22 aux tirs, 3-9 à 3-pts, 5-5 aux lancers), en 43 min.

    Moyennes : 25.7 points, 4.7 rebonds, 5.0 passes, 2.7 interceptions, 0.2 contre, à 40% aux tirs, 32% à 3-points et 80% aux lancers, en 43 minutes.

    Quatre ans. Il a fallu attendre quatre ans pour que Kobe Bryant et les Lakers accèdent de nouveau aux Finals. Entre temps, il y a eu du mouvement dans la Cité des Anges. En effet, Shaquille O’Neal a été envoyé au Heat, Phil Jackson a pris une année sabbatique pour recharger ses batteries, Pau Gasol est arrivé des Grizzlies et – bien que critiqué pour son individualisme – le « Black Mamba » s’est établi comme le meilleur scoreur de la planète. Désormais vêtu du numéro 24, ce dernier a remporté son premier (et unique) trophée de MVP en 2008. Continuant sur sa lancée, il a remis sa franchise au sommet et il est en mesure de décrocher sa quatrième bague, juste avant son 30e anniversaire. Cerise sur le gâteau, c’est contre un adversaire historique qu’il peut faire taire ses détracteurs, qui le jugent incapable de gagner sans O’Neal…

    Boston/Los Angeles, ou le classique de la NBA de retour 21 ans après. Désormais, ce ne sont plus Magic Johnson, Larry Bird, Kareem Abdul-Jabbar, Kevin McHale, James Worthy ou encore Robert Parish qui s’affrontent mais bien Kobe Bryant, Paul Pierce, Gasol, Kevin Garnett ou encore Ray Allen. Les stars pullulent des deux côtés et le spectacle promet d’être grandiose entre le « Big Three » du Massachusetts et le « Big Two » de Californie, néanmoins amputé d’un Andrew Bynum blessé de longue date au genou.

    Les deux premières rencontres au TD Garden donneront l’impression d’une équipe locale sûre de sa force et bien trop en place défensivement pour Kobe et ses coéquipiers. Pourtant, ces derniers ont longtemps eu la main sur le Game 1. Mais le retour de Paul Pierce – que tout le monde pensait blessé – changera la donne dans le troisième quart-temps. L’ailier était sorti en fauteuil roulant avant de finalement revenir en jeu une dizaine de minutes plus tard, revigorant du même coup sa formation (« The Truth » a marqué 15 points dans la période, sans rater un seul tir). Le tournant de cette partie, résultant sur une première occasion manquée par les Angelenos. À ce moment précis, ceux-ci ne se doutent pas qu’une telle opportunité ne se représentera plus au TD Garden.

    En effet, les « C’s » ont outrageusement dominé le Game 2, laissant un « KB24 » un peu trop esseulé se casser les dents sur leur collectif. Ses troupes y auront toutefois cru sur la fin, à la faveur d’un gros « run » initié dans les douze dernières minutes. Au final insuffisant en raison, notamment, d’un Leon Powe en mode facteur X : 21 points en 15 minutes !

    À 0-2, les hommes de Phil Jackson sont dos au mur. Ils n’ont pas le droit à l’erreur au Staples Center pour continuer d’y croire. Et la mission est accomplie – non sans mal – dans le Game 3. Intenable, « Vino » est très propre et « clutch ». Il plante 36 points en étant bien aidé par un Sasha Vujacic lui aussi en phase avec son shoot.

    Un craquage qui coûte cher…

    Cela nous conduit ainsi à ce dramatique Game 4. LE regret de cette série pour les Californiens, qui vont compter jusqu’à 24 unités d’avance dans ce match avant de s’effondrer en deuxième mi-temps. Plombés par un banc inefficace et leur MVP à seulement 17 points (à 6/19 aux tirs), ils s’inclinent donc dans leur salle et se retrouvent au bord du gouffre. Aucune franchise n’avait alors perdu en ayant eu une telle avance, dans toute l’histoire des Finals…

    En tête (3-1), les Celtics ont la possibilité de sabrer le champagne sur le parquet et dans les vestiaires de leurs rivaux historiques. Inconcevable pour les « Purple and Gold », qui trouvent les ressources nécessaires pour conserver un avantage une fois de plus dilapidé et ainsi rester en vie. Ils s’imposent d’une courte tête, dans le sillage d’un Kobe Bryant complet, excellent dans le premier quart-temps (15 points) et décisif dans le « money time ». En témoigne son interception sur Paul Pierce et son dunk victorieux, dans la foulée, à 37 secondes du terme…

    Retour à Boston pour le Game 6. La « Green nation », sevrée de titre depuis 1986, est prête à voir son équipe couronnée pour la 17e fois de l’histoire. Les hommes de Doc Rivers ne décevront pas leurs fans en leur offrant une soirée inoubliable. C’est simple : les joueurs de Los Angeles y ont cru douze minutes, avant de se faire désosser dans tous les secteurs de jeu lors des trois quarts-temps suivants. À l’arrivée, ils partent en vacances en prenant une valise : une défaite de 39 points (131-92), la deuxième plus lourde de l’histoire des Finals.

    Ni plus ni moins qu’un traumatisme pour Kobe Bryant, impuissant ce soir-là et encore muselé par la défense de zone adverse. Il s’en servira de motivation les saisons suivantes, comme confié au L.A. Times en 2015. « Je me souviens que lorsque nous perdions, ils ont joué cette chanson, « Don’t Stop Believin », et toute la salle a commencé à chanter. J’ai détesté cette chanson pendant deux ans. Sérieusement. Je l’ai écoutée chaque jour juste pour me rappeler cette sensation. Même chose avec les Dropkick Murphys [et le morceau « I’m Shipping Up to Boston »]. Je les ai écoutés tout le temps juste parce que je voulais me souvenir de cette sensation. »

    Ce qui est sûr, c’est que les Lakers pourront regretter leurs nombreux troisièmes quarts-temps ratés dans cette série, notamment dans le Game 1 et dans le Game 4. Désormais, il leur faut repartir au travail. Supérieurs tant collectivement, que défensivement et offensivement, les « C’s » ont mérité leur succès. Quant à leur « Big Three » formé un an plus tôt, il a réussi son pari : triompher rapidement. Et c’est finalement Paul Pierce qui a décroché le titre de MVP des Finals.

    Quatre ans après, c’est donc une nouvelle défaite bien difficile à avaler pour Kobe Bryant, « la plus importante de [sa] seconde partie de carrière ». La cicatrisation a pris du temps et la plaie ne s’est jamais véritablement refermée. Seul un titre, et une revanche, pouvait y aider…

    Finals 2009 : à 30 ans, contre le Magic (4-1)

    Game 1 (V) : 40 pts, 8 reb, 8 pds, 2 int, 2 ctr (16-34 aux tirs, 8-8 aux lancers), en 38 min.
    Game 2 (V) : 29 pts, 4 reb, 8 pds, 2 int (10-22 aux tirs, 1-4 à 3-pts, 8-10 aux lancers), en 48 min.
    Game 3 (D) : 31 pts, 3 reb, 8 pds (11-25 aux tirs, 4-9 à 3-pts, 5-10 aux lancers), en 40 min.
    Game 4 (V) : 32 pts, 7 reb, 8 pds (11-31 aux tirs, 2-6 à 3-pts, 8-8 aux lancers), en 49 min.
    Game 5 (V) : 30 pts, 6 reb, 5 pds, 2 int, 4 ctr (10-23 aux tirs, 2-5 à 3-pts, 8-8 aux lancers), en 43 min.

    Moyennes : 32.4 points, 5.6 rebonds, 7.4 passes, 1.4 interception, 1.4 contre, à 43% aux tirs, 36% à 3-points et 84% aux lancers, en 44 minutes.

    « On venait de perdre contre les Celtics. Ensuite, aux Jeux Olympiques, on avait battu l’Espagne en finale et le premier jour du camp d’entraînement, il arrive pour le « media day », et j’ai mis ma médaille d’or dans son vestiaire. Je voulais remuer le couteau dans la plaie comme il faut. Et je lui ai dit : ‘Mec, tu as fini deuxième aux Finals. Tu as fini deuxième aux J.O. Tu ne peux pas accepter de finir deuxième en juin prochain. Tu ferais mieux de mettre tes affaires en ordre’. C’était mon message pour le motiver. »

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kobe Bryant savait comment piquer au vif Pau Gasol, à l’entame d’un exercice 2008-09 qui restera dans la postérité. Renforcés par un Andrew Bynum enfin rétabli (qui ratera tout de même une trentaine de matchs entre février et avril), les Lakers vont gagner 65 rencontres et trôner en tête à l’Ouest. En playoffs, ils élimineront successivement le Jazz, les Rockets et les Nuggets pour retrouver les Finals un an après leur échec. Malheureusement pour eux, ils ne pourront pas se venger des Celtics, battus lors des demi-finales de Conférence par le Magic, tombeur dans la foulée des Cavaliers de LeBron James, détenteurs du meilleur bilan NBA. Portés par un Dwight Howard de gala, les Floridiens atteignent le dernier tour pour la deuxième fois de leur histoire après 1995. Mais l’ultime obstacle est de taille : les Lakers d’un Kobe Bryant surmotivé…

    Car, de toutes les Finals disputées par l’arrière, il s’agit certainement de ses plus abouties. Vraisemblablement déterminé à prouver que sa réussite ne dépend pas de Shaquille O’Neal, il est au sommet de son art. Une fois n’est pas coutume, il aura réussi un excellent match d’ouverture. Omniprésent, il n’est pas loin de compléter un triple-double à 40 points (record personnel en Finals). Son équipe se balade et l’emporte dans les grandes largeurs en étouffant et coupant du ballon Dwight Howard (12 points, à 1.6).

    Le Game 2 sera tout autre car bien plus serré. D’un côté, Los Angeles s’en remet à son duo All-Star, épaulé par Lamar Odom. De l’autre, Orlando existe grâce à l’énorme performance de Rashard Lewis, auteur de 34 unités (avec 11 rebonds et 7 passes) ce soir-là. Dans le dernier quart-temps, les paniers décisifs de Bryant, Gasol, Lewis et Hedo Turkoglu s’enchaînent, tout comme les contres salvateurs d’Odom puis Turkoglu, encore lui. Cela nous conduit ainsi à cette action polémique. Avec 0.6 seconde à jouer, l’ailier turc effectue la remise en jeu et trouve Courtney Lee pour le « alley-oop ». Gêné par le grand Pau et pris par son élan, il ne parvient pas à inscrire le « buzzer beater ». Aujourd’hui encore, certains crient au « goaltending ». Toujours est-il que le duel part en prolongation. Et celle-ci verra les Angelenos prendre la mesure de leurs adversaires grâce notamment au « and-one » de Gasol à une minute de la fin, bien servi par Kobe.

    Les Lakers trop forts et plus expérimentés

    Direction la Floride désormais pour le Game 3. Le Magic doit s’imposer pour garder espoir. Et pour vaincre ces Californiens, il fallait obligatoirement réussir une prestation XXL : cinq joueurs à minimum 15 points marqués et surtout 63% de réussite aux tirs. Avant ça, aucune formation n’avait été aussi adroite dans un match des Finals. Malgré cela, L.A. ne perd que d’une courte tête et donne vraiment l’impression d’être un cran au-dessus. Pour ce qui est du « Black Mamba » (31 points, 8 passes), il aura été encore une fois au niveau, son premier quart-temps à 17 unités étant d’ailleurs d’une justesse absolue.

    Comme souvent, le Game 4 revêt d’une importance capitale. Orlando joue logiquement avec un sentiment d’urgence et prend rapidement les commandes de la partie, profitant d’un immense Howard (16 points, 21 rebonds, 9 contres), qui provoque un tas de fautes. Problème, les « Purple and Gold » se reprennent au retour des vestiaires avec le coup de chaud inattendu de Trevor Ariza (16 points après la pause), enfin à 100%. Dès lors, le mano-a-mano débute, jusqu’à ce que les locataires de l’Amway Arena ne se manquent complètement dans la dernière minute du temps réglementaire.

    Après deux lancers francs ratés par « D12 », qui pouvait repousser ses adversaires à deux possessions, Derek Fisher sanctionne et égalise à 3-points, en sortie de temps-mort. Le meneur envoie ainsi les deux équipes en prolongation et – comme dans le Game 1 – les hommes de Phil Jackson y feront parler toute leur expérience. Grâce notamment à une nouvelle réussite primée du « Fish », déterminant ce soir-là. Passés tout près du 2-2, les protégés de Stan Van Gundy se retrouvent finalement menés 3-1 et peuvent s’en mordre les doigts. Surtout que Kobe Bryant (32 points, 7 rebonds, 8 passes mais à 11/31 aux tirs) a vécu sa « pire » soirée des Finals, bien qu’il ait tout de même pesé en « overtime », en étant impliqué sur plus de la moitié des points de sa franchise.

    Groggy, le Magic ne se relèvera pas et se fera fesser dans le Game 5, sans jamais réellement espérer. Sans forcer, « Vino » a une fois de plus atteint la barre des 30 unités, bouclant en beauté une série sur laquelle il a régné de bout en bout. En mission et tout bonnement trop fort pour les Floridiens, rarement il n’a semblé autant en symbiose avec son basket. Ses playoffs 2009 sont clairement LE sommet de sa carrière en ce qui concerne son niveau de jeu. Sans oublier son leadership, une qualité que son coach, le « Master Zen », souhaitait qu’il développe avec le temps, comme confié à ESPN après ce sacre.

    « [En 2001], je lui ai un peu parlé de leadership et de sa capacité à être un leader. Il m’a dit : ‘Je suis prêt à être un capitaine dès maintenant’. Et je lui ai répondu : ‘Mais personne n’est prêt à te suivre’. […] Lors des huit années qui ont suivi cet épisode, il a appris à devenir un leader de façon à ce que les gens veuillent le suivre et je pense que c’est très important pour lui d’avoir appris ça car il savait qu’il devait donner pour recevoir en retour. Plus qu’un simple leader exigeant, il est donc devenu généreux. Ça a été super pour lui et [ça a été] super à regarder. »

    Un an après avoir obtenu son premier titre de MVP de la saison régulière, il décroche donc sa quatrième bague et son premier trophée de MVP des Finals, permettant aux Lakers d’être champions pour la 15e fois de l’histoire. Kobe Bryant prouve ainsi à tous ceux qui doutaient de lui qu’il peut bel et bien triompher sans le « Shaq ». Son objectif désormais ? Le « Re-peat ».

    Finals 2010 : à 31 ans, contre les Celtics (4-3)

    Game 1 (V) : 30 pts, 7 reb, 6 pds (10-22 aux tirs, 9-10 aux lancers), en 39 min.
    Game 2 (D) : 21 pts, 5 reb, 6 pds, 4 int (8-20 aux tirs, 2-7 à 3-pts), en 34 min.
    Game 3 (V) : 29 pts, 7 reb, 4 pds, 2 int, 3 ctr (10-29 aux tirs, 1-7 à 3-pts, 8-8 aux lancers), en 44 min.
    Game 4 (D) : 33 pts, 6 reb, 2 int (10-22 aux tirs, 6-11 à 3-pts, 7-8 aux lancers), en 43 min.
    Game 5 (D) : 38 pts, 5 reb, 4 pds (13-27 aux tirs, 4-10 à 3-pts, 8-9 aux lancers), en 44 min.
    Game 6 (V) : 26 pts, 11 reb, 3 pds, 4 int (9-19 aux tirs, 1-4 à 3-pts, 7-7 aux lancers), en 40 min.
    Game 7 (V) : 23 pts, 15 reb (6-24 aux tirs, 0-6 à 3-pts, 11-15 aux lancers), en 45 min.

    Moyennes : 28.6 points, 8.0 rebonds, 3.9 passes, 2.1 interceptions, 0.7 contre, à 40% aux tirs, 32% à 3-points et 88% aux lancers, en 41 minutes.

    À l’époque, Kobe Bryant ne savait pas qu’il s’agissait de ses dernières Finals en NBA. Avec le recul, pouvait-il imaginer meilleure conclusion qu’un triomphe au Game 7 face à l’ennemi juré, deux ans après la désillusion de 2008 et en ayant été mené 3-2 ? Non. Surtout si l’on se fie à ses mots prononcés en 2015, juste avant son dernier match en carrière disputé au TD Garden. « [C’était important] de revenir en 2010 et de pouvoir me racheter. J’en parlais avec Metta [World Peace] et je lui ai dit : ‘Tu sais, je suis tellement heureux que l’on ait gagné ces Finals en 2010 car ça m’aurait rendu malade [d’avoir échoué]’. […] Je vais le dire de cette façon : si j’avais perdu ces Finals, j’aurais été malheureux. J’aurais vraiment été malheureux. »

    Si, pour Kobe Bryant, les Finals de 2002 étaient son sommet en matière de propreté et celles de 2009 son sommet pour ce qui est de son niveau de jeu, celles de 2010 seront son sommet d’un point de vue sentimental. Le sacre n’en a été que plus beau car les Lakers sont passés par un tas d’émotions durant l’exercice 2009-10, et nombreux sont ceux ayant remis en doute leur capacité à réaliser le doublé. Mais ils auront tout de même réussi à boucler la saison régulière en tête de la Conférence Ouest.

    En playoffs, le Thunder, le Jazz puis les Suns n’auront pas fait le poids lors des trois premiers tours. Et, lors des Finals, ce sont les Celtics de Rajon Rondo, Ray Allen, Paul Pierce et Kevin Garnett (encore eux) qui se dressent sur le chemin des champions en titre. Seul changement chez ces derniers, par rapport à 2008 : Kobe Bryant et Pau Gasol sont désormais épaulés par un Andrew Bynum en pleine possession de ses moyens et un Ron Artest (futur Metta World Peace) arrivé en remplacement de Trevor Ariza. L’heure de la revanche a sonné.

    D’entrée, les Angelenos dictent leur loi dans la série en sautant à la gorge de leurs rivaux. Ils s’imposent aisément dans un Game 1 à sens unique et le « Black Mamba » en profite pour signer un nouveau match à minimum 30 unités marquées. À ses côtés, Gasol est précieux et compile 23 points et 14 rebonds. Malheureusement pour les locaux, le Game 2 sera bien plus disputé. Porté par un Ray Allen incandescent derrière l’arc (8/11 à 3-points, un record pour une rencontre des Finals à l’époque), Boston l’emporte au terme d’une partie globalement maîtrisée. En faisant notamment la différence dans le dernier quart-temps grâce à un Rondo de gala, en triple-double. En face, le MVP 2008 est dans le dur et ne totalise que 21 points, contre une défense mieux installée.

    Direction le Massachusetts désormais pour poursuivre ce duel. Incapables de gagner à l’extérieur il y a deux ans, les « Purple and Gold » ont des choses à prouver. Bonne nouvelle, ils seront en mesure de récupérer l’avantage du terrain directement après l’avoir perdu. Dans le sillage d’un « Vino » à 29 points (mais à 10/29), d’un Derek Fisher décisif (11 unités dans le dernier acte) et en tirant profit du 0/13 aux tirs (!) de Ray Allen. Dans le Game 4, les hommes de Doc Rivers n’ont donc pas le droit à l’erreur et s’en remettront à leurs remplaçants – Glen Davis et Nate Robinson en tête – pour égaliser à 2-2. Les 33 points de Kobe seront insuffisants pour LAL, tout comme les 21 de Pau Gasol. Pour ne rien arranger, le genou de Bynum refait des siennes…

    Un final à couper le souffle

    Cela nous amène ainsi à ce Game 5 charnière, qui verra les « C’s » se défaire sur le fil de leurs adversaires. Les 27 points de Paul Pierce ont été déterminants pour résister aux 38 unités de « KB24 », auteur d’un incroyable coup de chaud dans le troisième quart-temps (23 points de suite, dont 17 points en 4 minutes 40). Au forceps, la franchise aux 17 titres de champion a retourné la situation tandis que, dans le camp d’en face, de vieux démons refont leur apparition…

    Mais ce moment pour le moins difficile à supporter restera gravé dans la mémoire d’un joueur. « Le plus beau souvenir que j’ai a eu lieu dans ce vestiaire [au TD Garden, ndlr], quand nous étions menés 3-2. Nous nous sommes assis et nous nous sommes dits : ‘Bordel, qu’est-ce qui vient de se passer ?’, ou quelque chose comme ça. Cela ne pouvait pas se reproduire », se souvenait Kobe Bryant en 2015. « Ensuite, je me suis mis à rire. [Derek Fisher] m’a regardé et a commencé à rire. Les autres nous observaient en se disant : ‘Qu’est-ce qui ne va pas chez vous ?’. J’ai dit : ‘Les gars, écoutez. Premièrement, ils nous ont botté le cul. Donc c’est assez drôle. Deuxièmement, si en début de saison on nous avait dit que tout ce que nous avions à faire était de rentrer à la maison et de gagner deux matchs pour être champions, auriez-vous accepté ?’. Ils ont répondu : ‘Oui, nous aurions accepté’. C’est tout ce qu’on devait faire. Rentrer à la maison et gagner deux matchs. C’est tout. Ensuite, nous sommes champions NBA. »

    Vous l’aurez compris, le dénouement de cet affrontement aura lieu au Staples Center. Los Angeles est au bord du gouffre et va rebondir de la meilleure des façons, avec une victoire fleuve dans le Game 6 ! Sans jamais douter, les protégés de Phil Jackson vont le dominer de la tête et des épaules. La blessure de Kendrick Perkins a grandement aidé, tout comme les 26 points et 11 rebonds de l’arrière phare de Los Angeles. Et pour la 17e fois de l’histoire, un Game 7 décidera du sort des Finals.

    Devant leur public, les Californiens possèdent un petit avantage. Ils ne manqueront pas de le confirmer en s’imposant au bout du suspense (83-79) en ayant pourtant compté jusqu’à 13 unités de retard à un moment donné. Malgré une adresse catastrophique (6/24 aux tirs), le « Mamba » a tout de même inscrit 23 points – la majorité sur la ligne des lancers – et a su se rendre utile autrement, en captant 15 rebonds et en réussissant la passe décisive pour l’énorme tir de Ron Artest, à une minute de la fin. La force des grands joueurs est de toujours trouver des moyens de compenser une soirée sans. Preuve en est…

    La clé de ce succès aura assurément été l’opposition Pau Gasol – Kevin Garnett qui a tourné en faveur du premier nommé, contrairement à 2008. Mais, pour la deuxième année consécutive, c’est Kobe Bryant qui obtient le « Bill Russell trophy », décerné au meilleur joueur des Finals. Le tout en évoluant les trois-quarts de la saison avec l’index de sa main droite fracturé ! Une blessure qui le gênera jusqu’à la fin de sa carrière et qui l’a contraint de changer – durant la campagne 2009-10 – sa façon de jouer. Ou plutôt de tirer, comme l’expliquait l’Orange County Register à l’époque. « Il a remodelé sa façon de tirer en mettant plus de pression sur la balle avec son pouce et son majeur, en utilisant son index comme guide. Avec l’aide de l’assistant-coach des Lakers, Chuck Person, Bryant a réorganisé intégralement [sa mécanique de tir]. Il continuait à jouer car on lui avait dit que ses fragments d’os pouvaient guérir en jouant, bien qu’il ne pût le faire qu’en supportant de brutaux traitements pour minimiser le gonflement de son doigt. »

    Une anecdote supplémentaire à ajouter à la longue liste de celles témoignant de l’incroyable compétiteur qu’était Kobe Bryant. Rien ne pouvait le freiner dans sa quête du Graal. À bientôt 32 ans, il remporte ainsi sa cinquième bague de champion, certainement la plus belle de toutes. Quant aux Lakers, ils décrochent eux leur 16e titre et se rapprochent tout près de leur rival historique. À l’issue d’une série de légende, entre les deux plus grandes franchises de l’histoire.


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